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Événements du mois |
Plus frais sur la montagne…
Tout a commencé il y a un mois, je regardais le Mont Fuji un soir de printemps depuis la terrasse de mon duplex à Roppongi. J’avais invité ma copine Isabelle à boire quelques bulles et discuter du monde pendant que nos hommes étaient glués à des écrans de télévision sur lesquels 22 petits bonshommes étaient en train de courir après un truc sphérique vaguement rebondissant en s’échangeant des propos de grande qualité littéraire. Il faisait déjà bien moite et chaud sur Tokyo et ca gâchait un peu le pétillant dans nos verres et c’est alors qu’Isabelle me fit remarquer qu’à tout prendre des bulles en haut du Fuji ca serait peut être plus frais.
Une brève consultation de mon Ipad et hop, nous étions inscrites toutes les deux à une aventure nocturne, et donc excitante, de l’AFJ dont la première étape consistait à prendre un bus le soir vers une destination presque inconnue pour un peu plus tard faire jouer de concert nos longues jambes musclées.. Les aventures de la grosse balle de golf à la télévision n’étant apparemment pas terminées. – il restait des petits bonshommes oranges et bleu foncé -, nous obtînmes sans problème la permission conjugale de découcher.
Et nous voila donc, un vendredi soir, sac au dos, et impers sur la tête bataillant les trombes d’eau d’une pluie diluvienne de saison pour rejoindre un autocar. Ça valait la peine parce que là au fond de l’autocar on a tout de suite remarqué une équipe de fringants militaires dont les muscles faisaient des bosses attendrissantes sous leurs t-shirts de maitre nageurs taillés bien près du corps. Vu l’état du ciel, et après une discussion animée entre le chauffeur du bus et les animateurs de l’AFJ, il fut décidé de ralentir le bus et de faire une longue pause en cours de route. Ce qui nous permit de nous plonger avec délices dans l’étude approfondie de la carte du parcours fournie par l’AFJ en s’intéressant plus particulièrement au tournant de l’enfer, cet endroit si particulier du parcours ou prendre le mauvais virage emmène directement à Nagoya ou pire. Ça prit un peu de temps surtout qu’au début on tenait la carte à l’envers.
Lorsque nous arrivâmes finalement en bas du Mont Fuji après avoir évité de justesse une biche qui traversait hors des clous, la route était jonchée de branches et de feuilles abattues par la tempête, Mais le ciel était clair, les étoiles scintillaient et il n’y avait plus une goutte de pluie. Juste un vent froid, un vent très froid.
Notre intention était bien entendu de suivre le plus près possible les participants kakis précédemment repérés, mais bon, il faut admettre que malgré nos cuisses galbées et toniques, l’allure des professionnels de la défense nous laissa sur place, ce qui fut un peu décourageant. Mais bon, ils étaient obligés d’aller vite, ils n’avaient pas lu les mails de préparation qui indiquaient que sur les pentes du Fuji, la nuit, il fait froid, très froid et ils étaient venus avec peu de vêtements et les mains nues.
D’autres participants, dont un récidiviste dont le bâton de marche marqué au fer rouge les années précédentes attestait de sa persévérance, se lancèrent à leur poursuite.
Nous optâmes pour un rythme plus raisonnable, entrecoupant l’ascension et les pauses dans les auberges rencontrées sur le chemin. Nous arrivâmes finalement, après quelques heures de marche ludique, en vue du sommet en compagnie d’un couple dont l’épouse profitait de toutes les haltes pour piquer un petit somme en douce, au grand dam de son mari qui la secouait sans ménage à chaque fois.
Nous retrouvâmes en haut les militaires, ils étaient là depuis 2 heures à attendre le lever du soleil, ils étaient gelés et avaient les mains glacées, je leur aurais bien proposé de se réchauffer les mains quelque part mais la glace je la préfère dans mon verre.
Le lever de soleil fut magnifique mais, malheureusement le bar du sommet resta fermé. Apparemment toute l’équipe du bar était en train de réparer les toilettes. Finalement nous nous sommes dit que mieux valait faire touriste que barmaid au sommet parce remettre en état des te-arais par moins 10 dans le blizzard… Nous fumes aussi déçues d’apprendre que le bar du sommet ne faisait pas dans les bulles.
Les ennuis commencèrent dans la descente parce que la carte magique préparée par les organisateurs était restée dans l’autocar et que nous n’avions plus la moindre idée d’où il fallait tourner ou ne pas tourner.
Après de nombreux méandres dans la pierre ponce et les roches volcaniques, nous allions nous laisser aller au désespoir et au verre de saké chaud sans bulles lorsque que nous vîmes par chance un petit panneau providentiel de l’AFJ, posé là par un organisateur prévoyant et nous indiquant la bonne direction. Ce qui nous permis de retrouver le bon endroit et le bon autocar, mais bon, pas à la bonne heure..
Une halte inespérée dans un onsen remit un peu d’ordre dans nos tenues légères et, poudrées et parfumées de frais, nous nous attendions à un semblant de conversation galante dans l’autobus de la part de nos soldats d’élite, mais il faut croire que la nuit dans le froid avait été rude, ils dormaient à poings fermés au fond de l’autocar.
Le chauffeur nous déposa finalement juste en bas de l’Institut qui s’était mis aux couleurs du 14 juillet, ce qui nous permis enfin de renouer avec les bulles. C’est amusant, quand on a eu bien froid, même le champagne tiède est agréable à boire….
Texte : Cécile de Montanault